ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE : ETES-VOUS PRÊTS ?
L’adaptation au changement climatique : un enjeu crucial pour nos territoires
Que nous révèle l’ouragan Béryl sur les impacts à venir du dérèglement climatique ? Les mesures d’adaptation mises en œuvres sont-elles suffisantes ?
Béryl, le début d’une longue série ?
L’ouragan Béryl marquera les esprits et ce, à bien des égards. Bien qu’épargnées par l’œil de l’ouragan, les nombreux dommages provoqués par son sillage en Guadeloupe et Martinique témoignent de l’ampleur du phénomène.
Pour rappel, “Béryl” s’est formé vendredi 31 juin au sud-est des Antilles. Il est rapidement devenu un ouragan de catégorie 1 le samedi avant d’être relevé en catégorie 4 le dimanche puis en catégorie 5 lundi.
Ce phénomène extraordinaire, caractérisé par un phénomène d’intensification et une précocité exceptionnelle pour la saison, va pourtant dans le sens des projections des scientifiques.
Autre caractéristique surprenante, son lieu de formation, localisé bien plus à l’est dans l’Atlantique qu’habituellement, en raison des températures records enregistrées dans l’océan.
Selon la climatologue Andra Garner « Au cours des 50 dernières années, nous avons constaté qu’il est désormais plus de deux fois plus probable que les ouragans passent d’une tempête relativement faible — de catégorie 1 ou moins — à un ouragan majeur, de catégorie 3 ou plus, en l’espace de 24 heures, a-t-elle expliqué. C’est ce qu’a fait Béryl. »
D’autres îles situées dans la trajectoire de l’ouragan, à l’instar des archipels de Grenade et Saint-Vincent-et-les-Grenadines, ont subi des vents allant jusqu’à 240 km/h. C’est le cas de l’île d’Union, où 90 % des habitations ont été emportées et de Carriacou, rasée en une demi-heure, selon son Premier Ministre.
La forte houle occasionnée par l’ouragan Béryl aura néanmoins suffit à provoquer une érosion exceptionnelle sur certaines plages de la Martinique et a impacter significativement les installations portuaires de la Ville de Basse-Terre et de la commune de Vieux-Fort, qui peine à se relever du passage des tempêtes Fiona (2022) et « Philippe » (2023).
Pour rappel, la tempête Fiona a touché la Guadeloupe en septembre
2022 et s’est traduite par des pluies diluviennes et durables d’une intensité
particulièrement impressionnante, dépassant les 100 mm en une heure et
plus de 450 mm en cumul. Les destructions ont été nombreuses et l’état de
catastrophe naturelle reconnu pour 22 communes sur 32.
Des risques climatiques plus fréquents et plus puissants
L’ouragan Béryl aura le mérite de nous avoir confronté à ce que nous prédisent les scientifiques depuis plusieurs années, à savoir le passage à une nouvelle ère caractérisée par des événements climatiques plus puissants, plus fréquents et plus imprévisibles.
A cela s’ajoute une élévation accélérée du niveau de la mer mais aussi une modification des vents, de la pluviométrie, des saisons, etc. A noter qu’une atmosphère plus chaude peut transporter jusqu’à 7 % d’humidité en plus par degré de réchauffement et, plus l’atmosphère est humide, plus la probabilité de pluies est importante.
Autre conséquence du dérèglement climatique en cours, l’érosion du littoral, particulièrement avancée aux Antilles, qui pourrait rendre toute une partie du littoral inhabitable d’ici 2040.
Selon Pascal Saffache, professeur à l’Université des Antilles, cette érosion risque d’ailleurs de s’aggraver à cause des événements météorologiques : “ Il faut savoir que lors du passage d’un ouragan, par exemple, la côte peut reculer d’une quinzaine de mètres en 24 heures. Parce que vous avez là des houles qui vont être vraiment très ciblées et qui vont mobiliser d’énormes volumes de sable sur une courte période. Donc, plus vous aurez des phénomènes de type tempête tropicale ou ouragan et plus la probabilité que l’érosion se développe sera importante.”
Les impacts liés à l’enchainement et la multiplication de tous ces phénomènes mettent en exergue le manque d’anticipation et de préparation des acteurs publiques et économiques face aux risques à venir.
En savoir plus : RAPPORT DU GIEC 2022 : Qu’en est-il pour les territoires insulaires Caribéens ?
Un déficit d’adaptation dénoncé par l’oxfam
Dans un récent rapport publié en juillet dernier intitulé « Changement climatique : nous ne sommes pas prêt.es », l’ONG Oxfam dénonçait le manque de mesures publiques mises en œuvre pour faire face aux impacts du changement climatique.
Dans ce même rapport, l’ONG dresse une liste des potentiels risques liés à ce manque d’investissement :
- hausse des inégalités avec plus de la moitié des droits fondamentaux de l’UE menacés,
- dégradation des conditions de travail des élèves – dès la maternelle – due aux fortes chaleurs et des travailleur.euses exerçant en extérieur
- fermeture de certains établissements publics (hôpitaux, écoles primaires, maison de retraite)
- inadaptation du code du travail en cas de fortes chaleurs
Oxfam estime que plusieurs dizaines de milliards d’euros seraient nécessaires pour rattraper le retard accumulé et déployer des mesures efficaces et équitables.
Comme le rappelle la Cour des comptes dans son dernier rapport annuel consacré à « La prévention des catastrophes naturelles liées au climat en outre-mer », la question de l’adaptation est un enjeu crucial pour les territoires ultramarins en raison de leur fragilités cumulées à une insuffisante sensibilisation des acteurs publics et privés. Ces territoires s’exposent au risque d’adopter des stratégies préventives inadaptées, venant accroître leur vulnérabilité face à de futurs événements majeurs.
- Comment assurer sa pérennité dans un climat qui change ?
- Comment diminuer ou éviter les coûts liés à l’impréparation ?
- Comment faire les bons choix et éviter les maladaptations ?
Les Ateliers De l’Adaptation au Changement Climatique donnent les clefs pour comprendre le champ de l’adaptation et la méthodologie pour faire les bons choix en matière d’adaptation.