Infographie liste rouge biodiversité Guadeloupe

Effondrement de la biodiversité : où en est-on ?

Notre biodiversité décline à un rythme sans précédent. Cette hécatombe surpasse les pires scénarios et s’apparente à une 6ème extinction de masse. Derrière cette crise, se cache une autre : celle de la vivabilité de la Terre pour l’Homme.

Pourquoi la biodiversité est-elle si menacée ? Dans quelle mesure sommes-nous concernés dans la Caraïbe ? Comment agir ?

La biodiversité, indispensable à l’Homme

La biodiversité représente la diversité des êtres vivants et des écosystèmes : la faune, la flore, les bactéries, les milieux (océan, forêt…). La notion intègre également les interactions entre ces organismes. Pas moins d’1,8 million d’espèces animales et végétales ont déjà été recensées, sur une diversité estimée à 100 millions. 

Véritable « tissu vivant » de la Terre, la biodiversité nous apporte une multitude de services écosystémiques indispensables mais surtout incommensurables. Elle nous permet de respirer de l’air frais, de nous nourrir, de nous soigner, de nous chauffer, pour ne citer que ces quelques exemples.

Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies de juillet 2022 : 

  • 50 000 espèces sauvages, dont près de 10 000 pour l’alimentation, répondent aux besoins de milliards de personnes,
  • 2,4 milliards de personnes dépendent du bois pour cuisiner,
  • Près de 100 millions de personnes travaillant dans la pêche de capture vivent de la pêche à petite échelle.     

Une extinction qui s’accélère !

Dans son dernier rapport, l’IPBES (Plateforme  Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques), estime qu’un million d’espèces animales et végétales (sur un total estimé à 8 millions) pourraient disparaître de la Terre dans les prochaines décennies si aucune mesure n’est prise pour freiner cette tendance. Ce constat est d’autant plus alarmant qu’il s’agirait, selon cette même source, de la plus grande crise d’extinction massive dans l’histoire humaine depuis la disparition des dinosaures, il y a environ 65 millions d’années.

La biodiversité, pourtant essentielle à notre économie, à la survie des populations et à la protection des écosystèmes, est fortement mise à mal par les pressions exercées par l’Homme.

Selon le GIEC*, les trois premières causes de cet effondrement de la biodiversité sont : 

  • la destruction et l’artificialisation des milieux naturels,
  • la surexploitation des ressources et le commerce illégal,
  • le changement climatique.

D’autres causes directement liées à nos activités humaines contribuent à ce déclin, tels que les pollutions et le développement d’espèces invasives.

*Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat

Qu’en est-il dans la Caraïbe ?

La Caraïbe est l’une des régions les plus riches au monde en matière de biodiversité, tant marine que terrestre. Cette extraordinaire biodiversité possède certaines particularités du fait de l’insularité :

– elle regroupe un très fort taux d’espèces endémiques, qu’on ne retrouve que dans ces territoires (l’Outre-mer français présente le même nombre d’espèces endémiques que toute l’Europe),

– elle est très sensible.

Il y a par exemple plus d’espèces en danger d’extinction aux petites Antilles, dont font partie la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin, que dans l’Amérique du Nord et Centrale réunies.

Actuellement en Guadeloupe 15% des espèces animales (vertébrés sauf poissons marins et invertébrés) sont menacées, selon le Parc national de la Guadeloupe.

Parmi les milliers d’espèces en péril dans les Caraïbes, beaucoup sont des espèces d’importance écologique, culturelle et économique telles que la couleuvre des Antilles ou encore l’iguane des Petites Antilles.

Le rapport du GIEC soutient qu’en raison de l’évolution de l’habitat et du climat, beaucoup de celles-ci ne sauront plus où se réfugier.

C’est déjà le cas du dauphin des Caraïbes dont les conditions de survie ne sont plus remplies dans la zone et qui est contraint de migrer : eau trop chaude à cause du changement climatique, maladies liées à l’acidification de l’eau et enfin, appauvrissement des ressources pour s’alimenter.  

On pourrait également citer le blanchissement massif des coraux dans le monde, déjà particulièrement visible dans nos eaux. Selon les projections du GIEC,  au-dessus de 1,5°C, 70 à 90 % des récifs coralliens pourraient disparaître, 99 % des coraux sont menacés pour un réchauffement de 2°C ou plus par rapport à la période préindustrielle.

Que faire pour limiter cet effondrement ?

Face à ce défi colossal, la conservation des habitats côtiers, tels que les mangroves ou encore les récifs coralliens, devrait être une priorité, notamment dans le bassin caribéen, de façon à préserver des aires de protection et d’alimentation pour ces espèces.

Il est important de rappeler que le problème est avant tout systémique. Outre les diverses stratégies nationales et régionales qui viendraient renforcer ces actions, le combat pour préserver et restaurer les écosystèmes est intrinsèquement lié à la lutte pour le climat. Ce sont donc nos modes de vie, notre modèle de société, qu’il s’agira de changer : réduire nos déplacements, tendre vers une alimentation moins carnée, revoir nos modes de construction et de consommation, etc.

Enfin, toutes ces actions ne pourront être menées sans questionner notre rapport au vivant, notre capacité à nous réapproprier, à connaître et protéger ces espaces naturels précieux et toute la vie qu’ils abritent. 

Depuis sa création, MOLOKOÏ a inscrit la lutte contre l’extinction de la biodiversité parmi les causes qu’elle défend. Nous œuvrons à notre niveau pour la préservation de la faune et la flore locale.

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