6 LIMITES PLANETAIRES SUR 9 DANS LE ROUGE !
Deux nouvelles limites planétaires ont été franchies depuis le début de l’année
Les modes de consommation et de production que nous avons adoptés depuis l’ère industrielle ont totalement bouleversé l’équilibre de nos écosystèmes, pourtant stable depuis des siècles et ont conduit au dépassement de six limites planétaires sur les neuf identifiés à ce jour.
Les limites planétaires, kesako ?
Y a-t-il un point de non-retour à ne pas dépasser pour préserver une vie saine et durable sur notre planète et éviter un bouleversement irrémédiable ?
Pour répondre à cette question, une équipe internationale de 26 chercheurs, dirigée par le scientifique suédois Johan Rockström et le chimiste américain Will Steffen, s’est penchée sur le concept des « limites planétaires ».
Après avoir compilé pendant plusieurs années les résultats de divers études scientifiques, ils ont identifié neuf domaines déterminants pour la survie de l’humanité.
Pour chacun de ces domaines, il existe un seuil critique à ne pas dépasser, au risque de subir des conséquences incontrôlables :
- Combien de produits chimiques et de polluants la planète peut-elle tolérer ?
- Quelle taille peut atteindre le trou dans la couche d’ozone ?
- Jusqu’où peut aller la pollution atmosphérique, l’acidification de l’océan, la sur-fertilisation des écosystèmes, la surconsommation d’eau douce et la destruction des terres et des forêts ?
- Quand la perte de la biodiversité devient-elle problématique ?
- De combien de degrés la Terre peut-elle se réchauffer ?
Les chercheurs insistent sur le fait que les limites planétaires sont interdépendantes : en transgresser une peut amener à en transgresser plusieurs autres. Il est donc vital de prendre en compte l’aspect systémique de notre écosystème pour garantir sa stabilité.
Plus que trois limites planétaires non franchies
En 2009, l’équipe de chercheurs indiquait que trois d’entre elles étaient franchies : changement climatique, érosion de la biodiversité et perturbation du cycle de l’azote.
La révision du modèle en 2015 a permis d’établir qu’une nouvelle limite avait été franchie : les changements d’utilisation des sols. Cette limite fait référence à la surface boisée par rapport à la surface couverte de forêt avant intervention humaine. En 2015, seules 62 % des terres jadis forestières sont encore boisées tandis que la limite était fixée à 75%.
Cette année, en l’espace de seulement quelques mois, deux nouvelles limites planétaires ont été franchies. Réduisant le nombre de limites non dépassées à seulement trois.
En effet, en Janvier 2022, après avoir analysé l’impact des polluants tels que les antibiotiques, les pesticides ou les plastiques sur la planète, des chercheurs ont conclu que le seuil des produits chimiques et de polluants tolérables par notre planète avait été franchi.
Quatre mois plus tard, les résultats de l’étude « Une limite planétaire pour l’eau verte » sont publiés et sont sans équivoque : le niveau d’eau douce semble lui aussi avoir atteint un seuil inquiétant.
Il ne s’agit pas ici de l’eau « bleue » présente dans les rivières, les lacs ou les nappes phréatiques mais de l’eau « verte » qui participe à l’humidité des sols, à la végétation et au maintien de la biosphère.
Et après ?
Plus que de simples indicateurs, tels des drapeaux rouges hissés au sommet d’un mat, les limites planétaires doivent aussi servir d’outils d’aide à la gouvernance.
Bien qu’elles fassent l’unanimité et qu’elles aient récemment été prises en compte dans les programmes d’actions au niveau international, européen et français, les mesures prises restent largement insuffisantes face au déclin de notre écosystème.
Ce drame écologique rappelle la nécessité de tendre vers une société plus sobre en ressources, plus respectueuse de notre environnement et moins axée sur la croissance. Une société dans laquelle les états, les industriels, les entreprises mais également les citoyens seraient engagés à construire un nouveau modèle de société capable de garantir la continuité de la vie humaine sur terre.